Le gouvernement français développe depuis quelque temps un plan de revitalisation des territoires ruraux et de protection de l’environnement des communautés locales, annoncé par la première ministre Élisabeth Borne le 15 juin dernier. Cependant, plusieurs experts restent perplexes vis-à-vis de son efficacité.
En France, plus de 18% des habitants et habitantes vivent en campagne et les défis ne sont pas les mêmes qu’en ville. Les régions rurales ne sont pas prêtes pour un afflux de population, selon Lucie Morisset, professeure au Département d'études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal.
« Il faut repenser à la revalorisation et à la reconstruction de toute cette infrastructure de services et de l'infrastructure de transports », explique-t-elle.
Le plan « France Ruralités » est formé de 4 axes qui tenteront d’insuffler de la vie dans les ruralités : Village d’avenir, la protection de l’environnement, l’amélioration de la qualité de vie et la refonte des « zones de revitalisation rurale (ZRR) ».
Revitalisation de l’économie
La revitalisation des régions rurales devrait avoir un impact positif sur l’économie rurale selon le gouvernement français. Il s’agit du dernier axe du plan. D’emblée, ZRR va fusionner avec d’autres dispositifs et va devenir France Ruralité Revitalisation (FRR).
Bruno Faure, président du conseil départemental de Cantal et président de la Commission politiques territoriales et ruralité, soutient la pérennisation des zones de revitalisation rurale. Selon lui, le dispositif actuel commence à porter ses fruits : « Nous avions également demandé de créer différentes zones en fonction de la fragilité, la baisse démographique notamment ».
Les communes (plus petite forme de municipalité en France) affectées pourront offrir des assouplissements fiscaux à plusieurs petites entreprises rurales qui peinent à rester ouvertes. FRR espère attirer davantage de travailleurs et travailleuses en permettant aux entreprises de croître plus librement.
Malgré plusieurs éléments positifs, l'Association des maires de France souligne dans leur quotidien quelques déceptions telles que la diminution du nombre de communes bénéficiaires. Les communes affectées passerait de 17 000 à 14 000. Le choix du gouvernement de rester sur un zonage intercommunal au lieu de zoner les communes individuellement déçoit lui aussi car cela pourrait exclure plusieurs communes pauvres.
Pour un avenir vert
Pour la protection environnementale, le plan prévoit d’augmenter la Dotation Biodiversité à 100 millions d’euros dès 2024. Plus de 79 millions de tonnes de CO2 sont captées chaque année par les forêts des communes rurales. Ce budget permettrait aux communes d’investir davantage dans la protection territoriale et les projets écoresponsables.
« À Damprichard, nous avons décidé d’utiliser la dotation biodiversité pour la création d’un Espace Naturel Sensible (ENS) […]. Cette dotation nous a permis de co-financer la quasi-intégralité du plan d’action de gestion et de restauration pour l’année 2023. », mentionne Anthony Merique, maire de Damprichard, dans un communiqué de presse.
Quant à lui, M, Faure salue la Dotation Biodiversité, mais estime que « le montant n’est pas encore suffisant. Cela va représenter de 5 000 à 20 000 € par commune. Pour avoir une action suffisante, il faudrait avoir 15 000 à 50 000€ par commune en fonction des sites à protéger. »
Les deux derniers axes du plan s'attaquent à l’équité territoriale. L’un d’eux offrira du soutien en ingénierie pour la création de divers projets comme le logement ou le patrimoine par exemple. L’autre tentera d’améliorer sous plusieurs facettes, la qualité de vie des habitants et habitantes au quotidien.
Photo : Philip Bossé