L’économiste libertarien Javier Milei a été élu président de l’Argentine en novembre 2023, promettant, tronçonneuse à la main, d’éliminer le déficit budgétaire de l’État et de reprendre le contrôle de l’inflation, qui a dépassé les 200% cette même année. Depuis son entrée en fonction, il a entrepris une série de réformes économiques majeures.
Lors de sa campagne électorale, Milei a promis de réduire les dépenses de l’État argentin. « L’idée est de couper dans les dépenses et de réduire fortement le déficit [budgétaire] », explique Carlos Quenan, professeur d’économie à l’Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine de l’Université Sorbonne Nouvelle.
Milei a aussi affirmé vouloir « détruire » l’inflation, un message qui a résonné auprès de la population s’inquiétant de l’état de l’économie, explique David Copello, maître de conférences en sociologie politique à l’Institut Catholique de Paris.
« Le problème de l'inflation c'est qu'on est très désorienté. Les prix ne sont plus fixes, on ne sait plus combien vaut notre argent. Cela crée une angoisse très forte chez les Argentins qui ont [vécu] par le passé des épisodes d'hyperinflation », précise M. Copello.
Parole tenue?
Depuis l’arrivée de Javier Milei au pouvoir, le budget de l’État est excédentaire. « Sa politique concrète est une politique d'austérité budgétaire, de réduction très radicale des dépenses de l'État [...] C'est une politique très libérale », affirme M. Copello. Les coupes budgétaires effectuées concernent entre autres la fonction publique et les pensions de retraite. Milei a aboli plusieurs ministères, dont celui du Travail, de la Culture et de l’Éducation. Ils ont été intégrés au ministère du Capital humain à effectif et budget réduits.
L’inflation, qui a augmenté de 25,5 % en décembre 2023, a chuté à 3,5% au mois d’octobre. Un chiffre encore très élevé, selon David Copello. Calculée à l’année, l’inflation atteint 209% en 2024.
« [Il] y a eu des progrès, mais pour confirmer que l’idée est une réussite, il faut élargir le champ de vision et s’apercevoir que [la diminution de l’inflation] s’est produite au prix d’une très forte récession. Cette récession n’est pas tenable, il va falloir que l’activité économique reprenne », explique M. Quenan.
Une augmentation de la pauvreté
La pauvreté a augmenté sous Milei. À l’heure actuelle, un peu plus de la moitié des 47 millions d’Argentins et Argentines vit sous le seuil de pauvreté, une augmentation importante depuis 2023, indique M. Quenan. Les soupes populaires et les hôpitaux publics peinent à subvenir aux besoins grandissants de la population alors qu’ils disposent de moins de moyens en raison des coupes budgétaires de l’État.
Malgré l’augmentation de la pauvreté, Javier Milei conserve l’appui d’une partie de la population, selon M. Copello. « Pas mal de gens étaient très inquiets en raison de l'inflation et pensent probablement que la pauvreté dans laquelle ils sont aujourd'hui est transitoire et moins gênante [...] que l'inflation », explique-t-il.
La coalition politique de Milei, La Libertad Avanza (La Liberté Avance), est minoritaire aux deux chambres du Congrès, soit à la Chambre des députés et au Sénat. Les élections de mi-mandat en octobre 2025 seront un test important pour Milei, selon M. Quenan. Une partie des sièges du Congrès y seront mis en jeu.
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