Il va sans dire que le sport peut être un vecteur de changement social. C’est ce que trois institutions internationales tentent de faire avec la création du projet Championnes, qui souhaite mettre de l’avant l’égalité des sexes en Afrique de l’Ouest par la pratique du soccer.
Cette initiative, qui s'échelonnera de 2021 à 2024, provient de l’Agence française de développement (AFD), en partenariat avec l’organisation non gouvernementale Plan International et la Fédération internationale de football association (FIFA). Avec un déploiement dans trois pays, soit le Togo, la Guinée et le Bénin, le projet vise d’abord à mettre en valeur le leadership et l’estime de soi des jeunes filles par la pratique du soccer. Il espère également mettre fin aux stéréotypes de genres et de changer les normes sociales en Afrique de l’Ouest, toujours par la pratique du sport chez les jeunes filles.
De manière plus concrète, l’AFD prévoit, entre autres, mettre en place des associations sportives féminines ainsi qu’organiser des formations sur les droits des enfants et des femmes, les violences faites aux femmes, le harcèlement sexuel, et plus encore. Il y aura également plusieurs campagnes de sensibilisation auprès des familles par rapport au phénomène des mariages et des grossesses précoces et sur l’importance de l’éducation chez les jeunes filles. « Sachant que, par exemple, près de 30% des jeunes filles ne vont pas à l’école en Guinée, ces campagnes de sensibilisation ne peuvent qu’être bénéfiques », a indiqué la chargée de projets dans le domaine du sport et du développement à l’AFD, Léa Cezeur.
Des réponses positives
Le championnat féminin togolais a été durement frappé par la COVID-19, au point de suspendre indéfiniment ses activités. Le programme Championnes amène toutefois des réactions très positives à l’échelle locale. C’est le cas, entre autres, de Gblokpo Komla, président du club de soccer féminin Académie des Amis du Monde FC au Togo : « Des initiatives comme cela, ça ne peut qu'avoir un impact positif, que ce soit au niveau du recrutement du club que de l’intérêt envers le championnat », explique-t-il. « Ce programme pourrait peut-être amener la Alex Morgan Togolaise, ne sait-on jamais! »
Une nouvelle version améliorée
Championnes est en fait le successeur d’un projet similaire, Sport pour elles, ayant été mis en place au Bénin par Plan International. « On peut voir Sport pour elles comme étant l’embryon de Championnes, car [ce dernier] va beaucoup plus loin. Il y a plus d’activités, il vise plus d’acteurs au niveau de la sensibilisation et facilite l'accès à l’éducation, à l’épargne et au crédit. Ceci permettra aux jeunes filles de devenir indépendantes, autant financièrement que socialement », explique Mme Cezeur, qui n'exclut pas une expansion du projet si celui-ci s’avère être un succès.
Illustration : Daphnée Chamberland