Jairo Bonilla et Aly Dominguez, des militants environnementaux honduriens, ont été assassinés le 7 janvier dernier dans la région de la rivière Guapinol. Depuis les meurtres, six activistes du même mouvement ont été amenés en justice pour leur opposition au projet minier.
Le projet de mine à ciel ouvert Inversiones Los Pinares, approuvé par le gouvernement en 2012, a commencé à avoir des répercussions sur la rivière Guapinol en 2018. Située dans le parc national protégé Carlos Escaleras, «la rivière sert non seulement de source d’eau potable, mais aussi de lieu de pêche», explique Giada Ferruci, chercheuse de l’Université Western dont le travail porte sur les conflits miniers en Amérique Centrale et du Sud.
Dans le but de protéger l’eau, Jaire Bonilla et Aly Dominguez ont fondé le Comité municipal de défense des biens communs et publics. Ce comité proteste pacifiquement depuis 2018. Ses huit membres, dont Aly Dominguez, se sont vus injustement emprisonnés en 2019.
L’arrivée au pouvoir de Xiomara Castro en 2021 avait amené une vague d’espoir pour les activistes. Elle avait promis que dès les premiers mois de son mandat, les manifestants de Guapinol, surnommés « the Guapinol eight», allaient être relâchés après 12 mois de détention.
« Non seulement les activistes se font détenir illégalement, mais maintenant ils se font tuer», explique Graciela Martínez, une militante régionale pour Amnistie internationale en Amérique centrale et du Sud. « On se serait attendu à ce que le gouvernement intervienne plus sérieusement », déplore-t-elle.
Pourtant, la situation ne s’est pas améliorée. « La raison pour laquelle ça ne s’améliore pas, c’est que le gouvernement ne fait pas d’enquête sur les événements», explique la militante, « le défenseur public ne fait pas son travail».
Dans le cas de Jairo Bonilla et Aly Dominguez, les autorités locales avaient classé l’affaire comme le résultat d’un cambriolage ayant mal tourné. Les membres de la communauté rejettent cette théorie : « Cela fait cinq ans qu’ils se faisaient menacer, criminaliser et emprisonner, la dernière chose qu’il restait était le meurtre», a raconté le frère de Aly Dominguez en conférence de presse.
Militer, une question de vie ou de mort
Alors qu’au Canada, défendre l’environnement relève plutôt d’une décision personnelle, pour la population du Honduras, « il n’y a pas d’autre moyen de survivre», explique Giada Ferruci.
Pour la chercheuse, le diagnostic est clair: « C’est signer son arrêt de mort que d’être un activiste environnemental au Honduras, mais c’est tout de même essentiel». Alors que les meurtres de Jairo Bonilla et Aly Dominguez sont les plus récents exemples du problème qui engouffre le pays, cette situation continue de se répéter. « Ce n’est pas un événement isolé et ça va en se détériorant », se désole Giada Ferruci.
Illustration: Camille Enara Pirón