Depuis plus de dix ans, des associations et des collectifs continuent d’alerter sur les comportements LGBTphobes qui gangrènent le soccer hexagonal. En 2019, le ministère chargé des Sports a décidé de taper du poing sur la table et d’imposer des sanctions, mais les instances peinent à respecter ces directives.
En 2015, Julien Pontes annonce la dissolution de l’association du Paris Football Gay (PFG) dont il était président et co-fondateur. Avec elle, il avait porté la lutte contre l’homophobie dans le soccer français en gagnant plusieurs combats majeurs contre ce fléau. « On a décidé d’arrêter par dégoût de voir à quel point les instances du foot et les pouvoirs publics jouaient l’inertie et l’inaction », confesse-t-il.
En 2008, le président de la Ligue de football professionnelle (LFP) en poste Frédéric Thiriez et huit clubs de soccer professionnel avaient accepté de signer la charte de Julien Pontes visant à lutter contre l’homophobie. Ce dernier avait ensuite permis de porter le débat sur la scène nationale après qu’un club concurrent ait refusé de l’affronter en raison de leurs « convictions religieuses ».
Face à l’ampleur médiatique de l’évènement, le ministère chargé des Sports avait demandé à tous les présidents et présidentes des fédérations de sport françaises de signer la charte.
Un débat qui prend de l’ampleur
En 2013, le PFG s’associe au psychologue du sport Anthony Mette pour réaliser une enquête sur l’homophobie.
Ses résultats révèlent que « 41 % des joueurs et joueuses de soccer professionnel [...] avaient une opinion hostile face aux joueurs et joueuses homosexuels ».
La LFP et la Fédération française de football (FFF) ne réagissent pas. Finalement, elles décident de tourner le dos à l’association du Paris Football Gay.
La même année, la LFP noue un partenariat avec le Panam Boyz and Girlz United, un club de soccer parisien investi dans la lutte contre les discriminations et l’homophobie. Avec des initiatives telles que les lacets et les brassards arc-en-ciel, l’association cherche à créer un dialogue avec les partisans et partisanes. Un travail nécessaire lorsqu’on constate l'hostilité de ceux et celles-ci après que la FIFA ait décidé, en 2019, d'imposer des arrêts de matchs pour comportements homophobes ou racistes, tels que des chants ou des banderoles, dans les stades.
Vers une lente banalisation de l’homosexualité
« Le hockey au Canada représente le concentré d’une masculinité très virile, très conquérante. En Europe, c’est plutôt le soccer », observe Veronica Noseda, secrétaire générale de l’association Les Dégommeuses qui lutte depuis 2012 contre les discriminations dans le soccer.
Ainsi, peu de sportifs et sportives ont osé dévoiler leur homosexualité. Pourtant, en octobre 2020, la gardienne de l’équipe de France, Pauline Peyraud-Magnin, s’affiche avec sa conjointe sur les réseaux sociaux. Pour Veronica Noseda, la démarche de la joueuse s’explique par le fait que les modalités de « sortie de placard » ont changé. « Avant [...], si la personne était publique, il fallait le déclarer dans les médias. [...] Désormais, certaines femmes arrivent au haut niveau en s’assumant déjà en tant que lesbiennes. » Une évolution qui permet d’envisager plus d’inclusivité dans le soccer, selon la secrétaire des Dégommeuses.
Crédit-illustration: Édouard Desroches