Les débris spatiaux comptent plus de 3000 satellites morts ou désintégrés en morceaux, des taches de peintures tombées d’une fusée et des pièces de machinerie. On estime qu’il y a 9000 satellites actifs en orbite et 34 000 débris spatiaux de plus de 10 centimètres, selon le Centre national d’études spatiales.
Les satellites en panne ne sont pas un problème à long terme, puisqu'ils se désintègrent à leur entrée vers la Terre, à 500 kilomètres d’altitude, selon un article de Scientific American: «Le débris en entrant dans l'atmosphère, comme une étoile filante va se dégrader par friction, mais ce n’est pas une disparition de l'objet, il se décompose en produit chimique fin, ça introduit des polluants dans l'atmosphère», soutient un professeur au département de sciences de l’environnement à l’UQAM, Patrick Grenier. « Les débris sont suivis par des radars au sol, mais les débris non répertoriés, il y en a plus de 100 000 »
Risques de la pollution
Les risques sont préoccupants. Certains s'inquiètent du scénario Kessler, qui décrit une situation où la densité des débris en orbite terrestre basse devient si élevée que les collisions ne cessent d'augmenter, provoquant une prolifération exponentielle de débris spatiaux. « Il y a des attitudes préférentielles pour faire tourner un satellite, selon leur fonction, et certaines orbites contiennent déjà des risques de collisions élevés», mentionne Patrick Grenier.
Le réalisateur Julien Élie s’est intéressé au syndrome de Kessler dans son documentaire Shifting Baselines, dans lequel il s’intéresse aux activités de SpaceX. Le titre du film fait référence au concept de l’amnésie environnementale, selon lequel on ne sait reconnaître la dégradation de notre environnement, car on oublie comment était celui des précédentes générations. Ce phénomène, selon le réalisateur, s’applique tout autant à notre ciel. La multiplication des satellites peut sembler être aujourd’hui la norme, si l’on se fie seulement à ce que l’on connaît de notre vivant.
La politique et le financement avant la solution commune
« Certains pays qui ont tenté de se débarrasser de leurs satellites ont utilisé un procédé créant des milliers de nouveaux débris dangereux. L'espace extra-atmosphérique est un théâtre de stratégies et d'activités militaires», mentionne M. Grenier. Les tests de destructions, une opération de grande précision, sont devenus des preuves pour montrer aux compétiteurs leurs capacités. « Les quatre plus grandes puissances s’envoient des messages politiques, donc les intérêts de rivalité rendent ça difficile».
Les Nations Unies demandent aux entreprises de retirer leurs satellites de l’orbite 25 ans après leur mission, selon le Naturla History Museum. Comme la plupart tombent en panne, plusieurs entreprises proposent des solutions telles que : ramener les satellites dans l'atmosphère pour les brûler, utiliser des aimants, des lasers ou les capturer avec un énorme harpon. Peu de mesures efficaces pour réduire les débris sont établies. Ces industries laissent les débris s’accumuler et ignorent l’urgence environnementale. Bientôt, il sera difficile de naviguer dans l’espace.
Dommages collatéraux
Les satellites ne représentent pas uniquement un danger dans l’espace. Ils sont aussi nuisibles sur terre.
Julien Elie s’est rendu pour son film à Starbase, une « company town » possédée par SpaceX.
Starbase est la maison de la fusée Starship, qui a été choisie en 2021 par la NASA pour amener des astronautes sur la Lune dans le cadre de leur programme Artémis. L’entreprise a aussi l’intention d’utiliser Starship pour déployer des satellites de son réseau Starlink et, ultimement, de mener des humains sur Mars.
La base se situe dans le village côtier de Boca Chica, au sud du Texas, tout près de la frontière mexicaine. Avant l’arrivée de SpaceX en 2015, l’endroit était connu comme un endroit paradisiaque et isolé. Les habitants de Boca Chica se sont retrouvés dans un « véritable enfer », selon le réalisateur. Ce petit village tranquille s’est transformé en ville privatisée à l’effigie de SpaceX, où d’énormes fusées s’élèvent en contraste avec la beauté du paysage. Les lancements de fusées perturbent l’écosystème unique de cet endroit, reconnu comme refuge de plusieurs espèces migratoires.
Prendre conscience collectivement des phénomènes qui dénaturent progressivement notre ciel et notre terre est important, si l’on a encore espoir de laisser aux générations futures un semblant de normalité.