Le British Museum a annoncé un nouveau partenariat avec l’entreprise d’énergies fossiles British Petroleum (BP) à la fin de l’année 2023. Les organismes qui luttent contre le financement de l’industrie fossile dans le milieu culturel se disent choqués et déçus.
L’iconique musée britannique recevra 50 millions de livres sterling sur une période de 10 ans de la compagnie pétrolière BP, soit plus de 85 millions de dollars canadiens. Cette somme servira à rénover son bâtiment.
Le British Museum avait fait savoir en juin 2023 que son précédent contrat avec BP avait pris fin. Plusieurs activistes environnementaux avaient alors crié mission accomplie.
L’industrie fossile dans la culture
En Angleterre, plusieurs institutions culturelles étaient historiquement commanditées par le secteur des énergies fossiles, comme la Tate Gallery, la Royal Shakespeare Company et la National Gallery. À la suite des moyens de pression des activistes, le milieu culturel s’est dissocié de la majorité de ses commanditaires controversés, mais pas le British Museum.
Pour la militante de l’organisme BP or not BP?, Coco Anna Tas, il existe des alternatives à ce partenariat : « Il y a des compagnies qui veulent commanditer ce genre d’institution culturelle prestigieuse, » comme des « entreprises sociales qui veulent aider à soutenir les lieux publics qui ont de la valeur ».
Culture Unstained est un organisme qui milite pour sortir l’industrie fossile du secteur de la culture au Royaume-Uni. Son codirecteur, Chris Garrard, explique que le montant proposé au British Museum peut paraître important, mais que pour BP, « c’est de la monnaie » par rapport aux « plusieurs milliards de dollars de profits que fait BP chaque année ».
Une mainmise sur le musée
M. Garrard soulève les problématiques au sein de la direction du musée. Le président du British Museum, George Osborne, est un ancien chancelier britannique. Pendant que son parti était au pouvoir, il a accordé, en tant que ministre des Finances, des allégements fiscaux notables aux géants de l’industrie fossile, dont BP, en 2016. Il a également coupé le financement de la culture britannique de 30%. Or, le British Museum est financé principalement par le gouvernement anglais, puisqu’il s’agit d’une institution publique. Le militant souligne l’ironie de la situation actuelle : « Il est, en partie, la raison pour laquelle le Musée a besoin de fonds. »
Quant à elle, Mme Tas suppose que le musée britannique préfère poursuivre son partenariat avec BP à cause de l’historique des deux organisations. Pour eux, BP est facile d’accès et un habitué du Musée.
Les activistes écologiques devront attendre un autre dix ans avant de pouvoir à nouveau crier victoire.
Illustration : Allyson Caron-Pelletier