La rivalité historique entre le FC Barcelone et le Real Madrid, c’est l’incarnation de celle des peuples catalans et espagnols. Les tensions politiques liées au référendum de la Catalogne en 2017 continuent encore de se faire ressentir sur le terrain lors d’El Clásico.
« C'est le match qu'il ne faut pas perdre. Parfois, ça peut changer le cours d’une saison», affirme le journaliste sportif Florent Torchut, au sujet d’El Clásico. Celui qui a rédigé la dernière biographie de Lionel Messi, Le roi Leo, a eu la chance d’assister à des parties de soccer aux quatres coins de la planète. Toutefois, le journaliste estime qu’aucune autre rivalité dans le monde du soccer ne peut concurrencer l’ambiance survoltée qui règne durant El Clásico.
La centaine de milliers de partisans et de partisanes réunis à chaque partie du FC Barcelone au Camp Nou, domicile du club, sont parmi les plus bruyants du monde. Ces amateur.es possèdent leur lot de rituel dont celui des mosaicos. « Les gens sur leur siège ont des espèces de papiers de couleurs qu'ils lèvent. Ça forme un message qui est préparé plusieurs semaines à l'avance », résume Florent Torchut.
Avec la montée de l’indépendantisme catalan depuis les années 2010, les amateur.es ont développé une nouvelle habitude; lorsque le compteur du Stade Nou affiche 17 minutes et 14 secondes de jeu, la foule scande en chœur : « In – Inde – Independencia ! ». Ce moment du jeu évoque l’an 1714, année au cours de laquelle la Catalogne fut annexée au royaume d’Espagne.
Le FC Barcelone, « plus qu’un club »
Stéphane Bergeron, député de Verchères pour le Parti québécois entre 2005 et 2018, a agi comme observateur pour la formation indépendantiste au référendum de 2017. Ce dernier rêvait d’assister à une joute du club barcelonais. Il fut grandement surpris de retrouver, le soir du référendum, les portes du stade barrées. En réaction à la répression policière, le FC Barcelone a pris la décision de jouer sa partie contre l’UD Las Palmas en huis clos, une situation inédite dans l’histoire du club. S’inscrivant dans un mouvement de contestation populaire, la mesure n’a pas suscité de réaction négative des partisans et partisanes.
De plus, ce n’est pas la première fois que le Barça se porte garant des valeurs catalanes. Lors de la dictature franquiste de 1936 à 1977, le FC Barcelone s’est fait le défenseur du républicanisme et de l’autonomie régionale. Le Real Madrid incarnait le représentant du pouvoir franquiste. Le nom Real (royal en français) évoque par ailleurs l’influence de la monarchie dans l’histoire du club.
Basé à Barcelone depuis plusieurs années, M. Torchut souligne que, pour une partie des amateur.es, la rivalité est purement sportive : « Il y a certains supporteurs du Barça qui n'en ont rien à faire de l'aspect politique », défend-il. Après tout, El Clásico est avant toute chose une rivalité sportive auxquels ont pris part des légendes du soccer tels que Ronaldinho, Zidane, Messi et Ronaldo.
Illustration: Naïla Houde