L’élection historique de Sanna Marin comme première ministre de la Finlande, en décembre 2019, semble être le résultat d’une valorisation marquée de la jeunesse, entamée au pays dans les années 1960.
Sanna Marin, devenue la plus jeune dirigeante du monde à 34 ans, est toutefois loin d’être une exception en Finlande. Les quatre autres partis complétant le gouvernement de coalition gauchiste ont également des femmes comme cheffes, dont trois qui ont moins de 35 ans.
Depuis les années 1970, plusieurs actes gouvernementaux régissant les lois sur la jeunesse ont fait leur apparition. Les derniers datent de 2006 et de 2017, et s’attardent respectivement à l’inclusion sociale et à la protection des jeunes. La loi nationale sur la jeunesse de 1999 prévoit, par exemple, des volets d’éducation politique dans les cours de sciences sociales dès l’âge de 13 ans et l’implantation d’associations étudiantes dans les écoles.
« C’est un peu un fondement de la société finlandaise. Il faut se rappeler que les jeunes personnes font partie de notre société », raisonne Tomi Kiilakoski, chercheur pour la Société de recherche sur la jeunesse finlandaise. Il soutient que les jeunes personnes ont des besoins et des cultures que les autres groupes d’âge n’ont pas et que, en ce sens, il faut leur donner des services et des opportunités pour grandir, mais aussi « des possibilités d’influencer la société ».
Tomi Kiilakoski cite également les recherches abondantes sur les jeunes et leurs habitudes comme manifestation de l’intérêt pour cette portion de la société, qui inclut toute personne âgée de 13 à 29 ans en Finlande, selon la loi.
Une « nouvelle ère »
Pour Siiri Muhonen, tout a commencé lors d’un pique-nique dans sa ville natale de Jyväskylä, en 2015, où avait lieu un rassemblement du Parti social-démocrate de Finlande. Deux ans plus tard, à tout juste 19 ans, elle est élue au conseil de son département au sein du parti. L’année suivante, elle devient la plus jeune sociale-démocrate à faire campagne pour un siège au Parlement finlandais.
Elle attribue ses réussites aux lois mises en place pour inclure la jeunesse dans la société finlandaise. « Si j’avais voulu être active de n’importe quelle façon dans la société, j’en aurais eu la possibilité », explique la jeune femme.
Aussi membre du Parti social-démocrate, l’étudiante Ilona Sorri a déjà remarqué un regain d’intérêt pour la politique dans son entourage. « Le plus gros changement a été dans l’atmosphère et dans le climat politique », résume-t-elle. Mes réseaux sociaux étaient pleins de gens qui célébraient le nouveau parti pour sa jeunesse et son inclusion des femmes ».
De son côté, Siiri Muhonen espère que l’élection de Sanna Marin inspirera les jeunes femmes du pays. « D’une certaine façon, c’est une nouvelle ère, croit-elle. J’ai l’impression que, maintenant, nous pourrons faire de vrais changements à propos de problèmes dont nous avons déjà discuté », souhaite la jeune politicienne.
Illustration par Édouard Desroches