Avec près de 50 000 hectares brûlés et plus de 65 incendies signalés, l'année 2025 se classe cinquième au rang des pires saisons des feux en Grèce. Cependant, grâce à l'utilisation de nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle, le pays a signalé une diminution de 34% des zones brûlées au mois d'août, comparativement à 2024.
La Grèce a subi une canicule record avec des températures qui dépassent les 45℃ au début de la saison des feux, qui dure de mai à octobre. « Les choses s'empirent, année après année. Autrefois, c'était une mauvaise année tous les six ans, maintenant, chaque année en est une mauvaise », explique Zisoula Ntasiou, vice-présidente du Comité technique international de prévention et d'extinction de feu (CTIF) à Athènes.
Les feux sont généralement causés par la main humaine, c’est-à-dire par des cigarettes mal éteintes, par des pyromanes, ou encore par des agriculteurs qui nettoient leur terre, selon Marina Rafenberg, correspondante en Grèce pour Le Monde. Les initiateurs d'incendies peuvent écoper d'une amende s'élevant à 200 000 euros, environ 326 000$, et peuvent être condamnés à jusqu'à 20 ans de prison, depuis 2024.
La première vague d'incendies de la saison a causé beaucoup de dommages. Au total, 50 feux ont démarré en 24 heures, le 25 juillet, et 32 000 personnes ont dû évacuer l'Attique et les îles de Crète, d'Eubée et de Cythère. Durant la deuxième vague, cinq régions se sont enflammées simultanément le 12 août, « la pire journée de la saison des feux », selon Zisoula Ntasiou. Les endroits affectés incluent les villes de Patras et Keratea, la localité de Palaia Fokaia et l'île de Zante.
De nouvelles technologies prêtent main-forte
Pour assurer une surveillance constante des grandes villes, le CTIF s'est procuré des drones auprès de Vanguard Drones. L’entreprise se spécialise dans les systèmes de surveillance aérienne des espaces verts. La flotte déployée en Grèce comporte une centaine de drones qui volent jour et nuit et servent à identifier les départs de feu depuis cet été.
Wildfire Solution, le premier système national de surveillance des feux de forêt, a été mis en place avec le fournisseur OroraTech en 2020. La responsable des données et de l'intelligence artificielle de l'entreprise, Julia Gottfriedsen, explique que ce système « offre la température des sols et sa variation, déterminées par des données infrarouges provenant de satellites qui orbitent la Terre. » Les 25 satellites d'OroraTech offrent une imagerie thermique en temps réel et permettent, grâce à l'intelligence artificielle, d'identifier clairement les zones incendiées afin de guider les premiers répondeurs et le CTIF dans sa prise de décision.
Ce qui complique la tâche
Le manque de personnel forestier et la répartition de la population compliquent l'entretien des arbres près des fils d'électricité, qui causent aussi des feux. « Ce n'est pas un problème du nombre d'avions-citernes, mais plutôt une question d'organisation », remarque Mme Rafenberg.
Les feux commencent dans des régions rurales et sur des terres agricoles, où plus de 50% de la population est âgée de plus de 70 ans. « Nous avons besoin de motivation et d'argent pour aller vivre dans les villages en région et sortir des centres urbains », explique Zisoula Ntasiou. « Si nous ne comprenons pas comment fonctionnent nos forêts, comment peut-on régler le problème? »