Conserver la flore et éduquer la population locale sont les missions principales de la réserve botanique de Gurukula. Cette réserve indienne joue un rôle essentiel dans la protection des plantes issues de la région et de l'étranger.
Le Gurukula Botanical Sanctuary est une réserve botanique située dans l'État du Kerala, en Inde, qui conserve entre 30 et 40 % de la flore endémique des Ghats occidentaux, une chaîne de montagnes au sud du pays. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le sanctuaire est majoritairement géré par des femmes n’ayant pas d’études postsecondaires. Elles acquièrent plutôt leur savoir par l’expérience sur le terrain, comme elles habitent dans les villages à proximité.
Le créateur de la réserve, Wolfgang Theuerkauf, un Allemand devenu citoyen indien, l’a fondé en 1981. Son ancien guide spirituel lui avait offert les trois premiers hectares de celle-ci. Selon le journal Global Indian, sa mission première était de réhabiliter la flore menacée de la forêt tropicale en les cultivant dans des pépinières, puis en les introduisant de nouveau dans des habitats restaurés.
Quarante ans plus tard, la réserve s’étend sur 32 hectares (0,32 kilomètre carré) et compte 2000 espèces de plantes locales, selon le journal informe un article du Global Indian. Les plantes indigènes détruites par l’agriculture autrefois cultivées dans la région, l'installation de la civilisation et par les changements climatiques sont protégées grâce à l’effort commun des femmes qui s’occupent de la réserve.
Le besoin de conserver
Dans une entrevue avec le média WION, une des conservationnistes, Laly Joseph, explique que le sanctuaire jardin botanique permet la conservation de différents génomes, puisque «si la plante disparaît de la nature, on les a ici. [...] On peut les renvoyer dans la nature », soutient-elle. Depuis la mort de Theuerkauf en 2014, la réserve est entre les mains de ces femmes.
Dans cette même entrevue, Suprabah Seshan, une spécialiste de la conservation botanique qui travaille dans le jardin, affirme que le sanctuaire est unique. Il combat la déforestation des Ghats occidentaux. Elle affirme qu’elles sont « témoins d’une renaissance ». Selon elle, l’intervention par l’humain est minimale, puisque « dès qu’on protège le territoire, il commence à se régénérer lui-même ».
L’importance d’éduquer
L’éducation est aussi une mission importante du jardin. La forêt sert de lieu d’apprentissage pour quelques élus, désignés par les membres du sanctuaire. Ils offrent des programmes pensionnaires immersifs pour enfants qui durent une à trois semaines, ainsi que des programmes pour développement de compétences botaniques pour adultes.
Pour l’ancien directeur du Jardin botanique de Montréal, Gilles Vincent, Gurukula est une « mission communautaire extraordinaire » qui remplit les trois missions que tout jardin botanique doit respecter : la conservation, l’éducation et la recherche. Bien qu’il salue leurs efforts et leur habileté, il ne croit toutefois pas qu’on puisse s’attendre à des recherches autant poussées que ceux d’instituts scientifiques : « Évidemment, on ne demandera pas à ces femmes-là de faire un travail de recherche comme nous qui avons un doctorat », affirme-t-il.
Des méthodes contraires
M. Vincent explique que la réserve Gurukula fait de la conservation ex-situ, qui consiste à protéger l’espèce menacée en faisant pousser un ou plusieurs spécimens dans un milieu dont elles ne proviennent pas, comme dans certains jardins botaniques, zoos et aquariums.
Ces spécimens sont une police d’assurance pour les espèces, une manière d’assurer la préservation des plantes et de leur bagage génétique en cas d’extinction massive. « La vraie conservation, c’est la conservation in situ, c’est la réintroduction dans « des habitats naturels des espèces menacées ou en voie de disparition », soutient-il.
Les membres du sanctuaire contactés n’ont pas répondu aux demandes d’entrevue de l’Apostrophe.