Le gouvernement sud-coréen a mis en place en avril 2023 l’acte de prévention Lee Seung-Gi, une loi qui vise à protéger les personnes mineures dans l'industrie de la K-pop. Cette industrie primordiale pour faire rayonner le pays à l’étranger tente de mettre derrière elle le scandale relié à l’artiste du même nom.
Enchaînant les succès, Lee Seung Gi a connu une carrière prolifique de chanteur. Il a sorti sept albums entre 2004 et 2020. Pourtant, en 2022, le magazine Dispatch a publié une enquête prouvant que Lee Seung-Gi n’avait jamais été payé par son employeur Hook Entertainment pour sa carrière de musicien.
Suite à ce scandale, une nouvelle loi a été mise en place. Elle vise premièrement à réduire le nombre d’heures maximales de travail par semaine pour les futures vedettes de la pop coréenne. Dorénavant, les moins de 12 ans ne pourront travailler que 25 heures par semaine, ceux de 12 à 15 ans ne seront autorisés qu’à en faire 30, tandis que les plus de 15 ans auront un maximum de 35 heures par semaine.
De plus, d’après la loi, pour s’assurer que l’enfant ait une bonne éducation, il est obligatoire que ce dernier assiste à tous ses cours. L’acte Lee Seung-Gi fait en sorte que l’agence représentant une personne mineure ne peut pas légalement le forcer à rater l’école pour un tournage.
La loi empêche aussi d’accorder trop d’importance au physique de la personne mineure. Selon Amy Kim, directrice de programme au Korean Cultural Centre Canada (KCC), l’apparence physique des vedettes de pop coréenne est culturellement très importante, principalement pour les femmes. L’industrie demande qu’elles soient « maigres et plus en forme ». Selon elle, cette insistance sera réduite au cours des prochaines années grâce à la nouvelle loi.
Jenny Choi, professeure de langue et culture coréenne au King Sejong Institute à Montréal considère que les bénéfices de la K-pop sont énormes pour les Coréens et Coréennes. Toutefois, elle ne peut s’empêcher de s’attrister de la surmédiatisation des personnes mineures dans l’industrie : « Je regrette que trop d’enfants gaspillent leur temps et énergie à devenir des vedettes de la pop coréenne, en basant leurs rêves sur des fantaisies vides et sans information, et que certains adultes encouragent cela ».
S’étendre à travers le monde
L’industrie de la pop coréenne devient de plus en plus populaire internationalement . Mme Choi pense d’ailleurs que la K-pop incite les jeunes Canadiens et Canadiennes à s’intéresser à la culture coréenne. Éventuellement, l’intérêt des jeunes pourra se transmettre aux futures générations.
En plus de la pop coréenne, le KCC cherche à populariser globalement la culture coréenne à travers des évènements qui peuvent la lier à la culture canadienne. Outre la K-pop, le Centre tente de répandre la danse contemporaine, sa langue, sa nourriture et le Taekwondo.
En raison de sa popularité internationale grandissante, la pop coréenne reçoit davantage d’attention médiatique. Selon Mme Kim, cette attention est portée sur des vedettes de plus en plus jeunes, non seulement en Corée, mais aussi mondialement.
Puissance douce
Tout cet effort global s’appelle le soft power ou puissance douce . Selon Paola Varutti, autrice d’un mémoire sur la pop coréenne, le soft power est « une manière d’améliorer son image à l’international ». Pour l’illustrer, Mme Varutti donne l’exemple des États-Unis représentés partout dans le monde à travers la chaîne de restaurants McDonald’s.
Le but de la Corée du Sud serait donc de « donner envie au monde entier d’aller en Corée du Sud, de manger coréen, de penser que la Corée du Sud est un pays très avancé ».
Selon Mme Choi, c’est la génération coréenne des années 1980 qui est à la base de la culture populaire coréenne moderne. C’était pour eux un moyen de se différencier de la génération précédente, très pauvre en raison de la guerre de Corée. Les Jeux Olympiques de Séoul en 1988 ont entre autres permis à cette génération de montrer au monde leur nouvelle culture.
La pop coréenne est déjà très populaire internationalement et l’acte de prévention Lee Seung-Gi est un pas vers la protection des droits des personnes mineures. C’est d’ailleurs un des premiers actes à être si spécifique quant aux droits des futures vedettes de la K-pop, soutient Mme Kim.
Photo : Leo Patrizi / iStock