La boxe, essentiellement associée au genre masculin, permet aux femmes de s'affirmer contre la domination masculine en Irak. Toutefois, les valeurs conservatrices de la société irakienne freinent leurs aspirations sportives.
Récemment, la boxe féminine a pris de l’élan en Irak. Selon Taban Shoresh, la fondatrice de The Lotus Flower Charity, une organisation venant en aide aux femmes en Irak, ce sport permet aux femmes de développer leurs capacités physiques dans un milieu sécuritaire et de déjouer les sensibilités liées au genre.
D’après elle, la boxe est un excellent moyen de canaliser ses émotions et de développer une résilience. « On voit des femmes qui sont au départ très réservées et gênées prendre confiance en elles et changer complètement. C’est le pouvoir de la boxe », ajoute-elle.
Seulement, l’engouement pour ce sport est loin de pallier à lui seul les iniquités entre les genres dans le milieu sportif irakien. « Nous vivons dans une société machiste qui combat la réussite de la femme et les opportunités nouvelles qui s’offrent à elles », dénonce Ola Moustafa, une boxeuse irakienne de 16 ans, dans un article du Times of Israël.
Le sport féminin dévalorisé dès l’enfance
Le problème, selon Taban Shoresh, réside dans l’énorme différence entre l’éducation sportive accordée aux femmes et celle accordée aux hommes. « Personne n’a dit aux filles et aux jeunes femmes qu'il est important de faire de l’exercice physique pour tous ses bienfaits sur la santé », rappelle-t-elle.
« S’il y avait une inondation dans une région, ce sont majoritairement les femmes qui se noieraient, parce que personne ne leur a appris à nager et ne leur a dit que c’était important », ajoute la fondatrice de l'organisme The Lotus Flower Charity.
Sa fondation offre d’ailleurs le programme The Boxing Sisters qui permet aux femmes de trouver la force de s’affirmer et de reconstruire leur vie à la suite de traumatismes. Les Irakiennes participant au programme développent une routine, une meilleure santé mentale et une meilleure estime.
En plus d’un manque d'éducation, le financement du sport féminin n’est pas une priorité du gouvernement. L'effondrement des services publics, la guerre et le niveau de corruption rendent les investissements moins disponibles, selon la directrice des Études sur le Moyen-Orient pour la Texas Christian University, Hanan Hammad. La priorité est accordée au bon fonctionnement et à la sécurité de certaines régions.
« Les quelques organisations sportives féminines présentes sont petites et rares. S’il y avait plus de financement, ce serait différent », ajoute Mme Shoresh.
Taban Shoresh considère qu’une bonne représentation féminine créerait un effet boule de neige, c’est-à-dire que les femmes s’influenceraient mutuellement à adopter une pratique sportive. « Même s’il ne s’agit que d’ouvrir une classe de sport réservée aux femmes, ce serait un pas de plus vers l'acceptation générale du sport féminin en Irak », affirme-t-elle.
Photo : Florence Beaudoin