Réclamée depuis un an par le collectif Reconnaissance des adoptions illicites en France (RAIF), une commission d’enquête parlementaire sur les adoptions internationales illégales qui se sont déroulées à partir des années 60 a enfin été ouverte après des années de silence.
Des milliers d’enfants d’Amérique du Sud, d’Asie et d’Afrique ont été adoptés en Occident à compter des années 60. Des associations et des individus des pays les plus développés se sont mobilisés pour accueillir des enfants accablés par la guerre et par la misère. Si la cause paraît noble, l’envers du décor s’avère peu reluisant. Une fois n’est pas coutume, la France peine à remettre en question son passé colonial.
Les méthodes employées jusqu’aux années 2000 pour envoyer ces enfants, provenant de pays en développement, vers les États-Unis, le Pays-Bas, la Suisse ou la France ont toutes été ponctuées d’une grande violence. Des systèmes dignes du crime organisé ont en effet été mis en place dans des pays comme le Guatemala pour organiser l’enlèvement ou le vol d’enfants. Le pays est même allé jusqu’à modifier son cadre légal pour faciliter les adoptions illégales vers l’étranger. Des assistantes sociales et des fonctionnaires ont été achetés sur place par les États-Unis pour passer sous silence les dérives de ce marché lucratif inhumain.
L’opération Babylift et ses séquelles
Des associations et des avocates et avocats, parfois véreux, partagent la responsabilité de s’être précipités ou d’avoir favorisé l’engouement pour l’adoption internationale. En Europe, des personnes adoptantes ont accueilli des enfants venant de l’étranger sans connaître les procédures utilisées. Celles-ci ont laissé des traces sur ces individus déracinés.
Au Vietnam, ancienne colonie française, l’opération Babylift de 1975, teintée d’impérialisme, avait pour objectif de ne pas céder aux communistes victorieux les enfants métis issus de rapports sexuels entre des soldats américains et des locaux. Pourtant, des enfants vietnamiens qui n’étaient ni métis ni orphelins ont été déportés vers la France, le Canada ou les États-Unis.
Si cet épisode douloureux de l’histoire est reconnu chez notre voisin du sud, il demeure ignoré en France.
La France en plein déni
Les informations de cette opération d’envergure avaient d’ailleurs été détruites par le ministère des Affaires étrangères par peur que les mères biologiques puissent retrouver les enfants qui leur ont été arrachés. Devenus adultes et dans certains cas parents, ceux-ci et celles-ci partent à la recherche de leur famille de naissance pour se rapprocher de leur identité.
« Blanchis », en proie au racisme et parfois aux problèmes de santé mentale, de drogue ou de violence, ils et elles réclament leurs droits. Ceux-ci et celles-ci devraient désormais accéder au statut de victimes de procédures illégales pour enfin obtenir réparation.
À l’instar de la Suisse, la France devrait à son tour s’excuser auprès des personnes adoptées illégalement. Alors que les Pays-Bas ont arrêté d’accueillir des enfants étrangers depuis 2021, en attendant de réformer son système, la France en a quant à elle reçu 252 la même année. Il serait temps que le pays applique désormais la Convention de La Haye qu’il a ratifiée en 1993. La protection des enfants adoptés à l’international devrait désormais être une priorité.
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