1979. Le dictateur Park Chung Hee, qui dirige le pays depuis 1962, est assassiné; différents mouvements étudiants émergent, réclamant la fin de la dictature et la démocratisation du pays.
Émerge aussi un certain Chun Doo-Hwan, qui réussit à prendre le pouvoir avec le soutien de l’armée. Il devient un nouveau dictateur militaire, remplaçant le dernier. Sa répression des mouvements démocratiques atteint son apogée lors du massacre de Gwangju, du 18 au 27 mai 1980.
Mouvement pour la démocratisation du pays
Des manifestations pour la démocratie ont lieu à l’échelle du pays au début du mois de mai 1980. Pour réprimer ces mouvements populaires, la dictature décrète la loi martiale, qui entre en vigueur le 18 mai. Les étudiants de Gwangju se révoltent : la vie sous la dictature, c’est assez! Il est temps d’avoir une démocratie, proclament-ils.
Des troupes sont déployées pour mater les émeutes. Les citoyens rejoignent les étudiants pour manifester, témoins de la violence de l’armée et conscients du besoin d’accéder à une démocratie.
La situation dégénère. L’armée isole totalement la ville en bloquant les communications et en barrant les routes qui sortent de Gwangju. Tout est en place pour un massacre pouvant être caché au reste de la population coréenne.
Le 27 mai, les derniers résistants sont tués ou emprisonnés. Au total, 165 citoyens meurent durant ces 10 jours de mai. Toutefois, il est généralement considéré que ce nombre est, en réalité, bien plus élevé. 5568 autres personnes sont arrêtées et/ou blessées.
La dictature a réussi; ce mouvement pour la démocratie n’est plus. Ce n’est finalement qu’en 1987 que les premières élections démocratiques ont lieu.
Entraide
Gwangju m’a montré toute la résilience du peuple coréen. Le 20 mai, quand sortir de sa maison pouvait mener à ne plus jamais y revenir, 200 000 personnes sont allées manifester dans les rues.
Lorsque la ville était isolée, les citoyens se sont tenu les coudes. Ils sont allés donner du sang aux hôpitaux qui en manquaient. Ils se sont partagé la nourriture, pour être sûrs que chacun mange à sa faim.
Les Gwangju
Autour du globe, à travers l’histoire, nombre de dirigeants se sont servis de leur pouvoir pour réprimer leur peuple, trop souvent en faisant couler le sang. Comme à Gwangju.
C’est peut-être la plus récente vainqueure du prix Nobel de littérature, la Sud-Coréenne Han Kang, qui résume, dans son livre sur Gwangju, Celui qui revient, le mieux cette situation.
Gwangju était donc un autre nom pour ce qui est isolé, écrasé et abîmé par le pouvoir, qui n’aurait pas dû l’être. [...] D’innombrables Gwangju sont apparus pour être persécutés. Blessés, détruits par les armes, reconstruits dans le sang.
La résilience du peuple coréen, les sacrifices qu’il a faits, l’importance de la démocratie; voilà ce que m’a appris Gwangju.
Photo: Théo Cantin