#BringBackOurGirls est un mouvement médiatique lié aux enlèvements de près de 300 jeunes filles à Chibok, au Nigeria. Ayant fait surface en 2014, le mouvement revendique le manque de recherche et de secours auprès des jeunes femmes kidnappées par Boko Haram, un groupe djihadiste du nord du pays.
« Avant le mot-clic, [les jeunes filles] ont été négligées par l’État. Les seules personnes qui les cherchaient étaient leurs parents. […] C’est seulement après le torrent médiatique que le gouvernement a réalisé qu’il devait trouver une manière de secourir les jeunes filles », explique Drew Hinshaw, co-auteur du livre Bring Back Our Girls: The Untold Story of the Global Search for Nigeria’s Missing Schoolgirls. Il ajoute que « [le mouvement] a forcé une reconnaissance du problème des enlèvements dans les écoles, mais aussi des enlèvements en général par Boko Haram ».
Cependant, M. Hinshaw précise que les solutions élaborées par le gouvernement n’ont pas eu l’impact espéré. Il donne en exemple la « Safe School Initiative ». Le but était principalement de permettre aux jeunes filles de poursuivre leur éducation en les transférant dans des régions plus sécuritaires du pays. Selon lui, « ça n’a pas mené à une réelle conclusion. […] Les écoles étaient simplement fermées au Nord-Est du Nigeria ».
Prise de parole des femmes
Dr Martin Atela, scientifique de recherche diplômé de l’Université de Cambridge, ajoute que le « Nigeria a une histoire de [périodes] d’insécurité récurrentes, notamment dans la partie nord du pays, où il y a énormément d’activités terroristes. [Le mouvement] a marqué la sphère médiatique, mais ce ne sont pas les premiers enlèvements où un groupe spécifique de personnes est visé », révèle-t-il.
Selon Dr Atela, en enlevant ces écolières, Boko Haram cherche à répandre l’idée que l’éducation occidentale corrompt les jeunes filles et que celles-ci devraient être forcées au mariage, afin d’éviter qu’elles aient accès à l’école.
« Le mouvement [#bringbackourgirls] est vraiment unique, puisqu’il est interculturel, il transcende les religions, mais surtout, il est dirigé par des femmes. C’est très puissant, puisque ce sont des femmes qui remettent en question certaines failles socio-culturelles », mentionne Dr Atela.
Il rapporte que plusieurs filles sont dans l’obligation de se marier très jeunes, car les familles ont, dès lors, accès à une compensation financière qui leur permet de payer les études de leurs jeunes garçons. « Les garçons ont tendance à avoir davantage d’opportunités à l’école, […] et, par le fait même, dans les rôles gouvernementaux », ajoute-t-il.
Dr Atela mentionne que le mouvement a grandement évolué, mais que son essence a toujours été de se battre pour le droit à l’éducation et à la sécurité de jeunes femmes, tout en mettant en lumière la problématique des enlèvements.
Photo: Lucas Jallot