Un an après son entrée au pouvoir, le taux d’appui à la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, atteint les 70%. Le maintien d’un niveau de popularité aussi élevé s’explique à la fois par les politiques sociales mises en place durant cette première année de pouvoir et par la manière dont elle conduit sa politique internationale.
Le 1er octobre 2025 sonnait la fin de la première année en poste de la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum Pardo. Lors des élections fédérales de 2024, le parti de gauche Morena, mené par l’ancienne mairesse de la ville de Mexico, a gagné les élections avec près de 60% des voix et 73% des sièges à la chambre des députés. Un tel pourcentage de sièges n’avait pas été obtenu depuis 1982.
Cette première année de mandat a été assez chargée pour la présidente : mise en place de nouvelles politiques sociales, négociations tarifaires avec le gouvernement américain et réforme importante du système judiciaire. Tous ces dossiers ont contribué à façonner la perception que les Mexicains ont de sa gouvernance.
Des politiques sociales qui parlent au peuple
Selon Ricardo Velázquez Leyer, spécialiste en études de politiques publiques et sociales de l'Université ibéro-américaine (IBERO), les politiques sociales de Claudia Sheinbaum continuent dans la même lignée que celles établies par son prédécesseur, Andrés Manuel López Obrador.
« Il y a bien une expansion de certains programmes, mais disons que ce sont des changements qui s’inscrivent dans la continuité de la trajectoire du gouvernement précédent. Il n’y a pas de changements majeurs », explique-t-il.
Selon le spécialiste, l’une des politiques phares de l’ancien président mexicain est le remplacement de plusieurs programmes sociaux conditionnels par des prestations sociales universelles.
D’après lui, deux de ces programmes importants ont été l’élargissement de la pension de vieillesse à toutes les personnes âgées et la mise en place d’un programme de bourses destiné aux familles défavorisées pour tous les niveaux de l’école publique. En plus de ces programmes sociaux, en six ans, le gouvernement du parti Morena a doublé le salaire minimum. Toutes ces mesures ont contribué à sortir près de 13 millions de Mexicains et de Mexicaines de la pauvreté.
Pour cette nouvelle gouvernance, la présidente Sheinbaum maintient tous les programmes d’aide sociaux qui avaient été instaurés par le gouvernement de López Obrador et étend la couverture de certains d’entre eux.
Dans cette première année de l’administration Sheinbaum, c’est 62.58 milliards ($CA) qui ont été alloués aux programmes d’aide sociaux, soit près de 10% du budget fédéral.
«La présidente continue avec ce que le gouvernement précédent a fait, principalement en ce qui concerne les politiques sociales, comme donner de l’argent aux familles à faible revenu et fournir de l’argent pour la garde d’enfants et pour les jeunes qui n’ont pas de travail ou n’ont pas étudié.», explique Mme Rosario Aguilar, professeure et chercheuse en comportement politique à l’Université de Newcastle.
Selon la professeure, ces mesures sociales sont la cause principale de la grande popularité du gouvernement Morena des dernières années. Comme elles empruntent la même direction, les politiques de la nouvelle présidente sont également très bien reçues.
Réforme du système judiciaire
Le 1er juin 2025 s’est tenu l’élection de 881 postes de juges fédéraux à travers le Mexique, la première du genre au pays. Parmi ces postes soumis au suffrage se trouvaient les neuf juges de la Cour suprême, soit la plus haute autorité judiciaire du pays. Cette réforme fait partie d’un plan d’importants changements constitutionnels proposé par l’ancien président en septembre 2024.
Selon Mme Aguilar, cet important changement du système de justice n’a pas eu un très grand impact sur l’opinion publique des citoyens et citoyennes face à leur présidente. «Seulement 12% des gens sont allés voter», rappelle-t-elle.
« Les gens avaient le sentiment que les juges étaient trop éloignés d’eux. Je crois qu’ils se disent : “ C’est bien qu’on démocratise les tribunaux”, parce que d’une certaine manière, ils n’avaient pas l’impression qu’ils travaillaient pour eux », précise la spécialiste en opinion publique.
Selon le professeur et chercheur d’IBERO, la séparation du pouvoir politique pourrait être fortement affectée par cette mesure : « C’est une réforme très problématique. Maintenant, la Cour suprême est totalement idéologique. Politisée. La plupart des juges de la Cour suprême sont des sympathisants du parti politique au pouvoir.», explique ce dernier.
La tête froide face aux tarifs
Comme pour le Canada, la nouvelle administration américaine a imposé des tarifs douaniers à son voisin du sud. Les sorties publiques présidentielles sur les négociations tarifaires ont été menées avec une apparence de grand calme qui a donné l’impression que la présidente avait la situation sous contrôle. Celle-ci a mentionné qu’il était important de garder la tête froide face aux tarifs et aux décisions de l’administration Trump.
« Cette manière de parler des négociations a donné l’image qu’il y avait des personnes au sein du gouvernement qui savaient comment traiter avec le gouvernement américain [...] et qui le faisaient de manière mesurée, prudente, sans réagir de façon excessive », explique Mme Aguilar.
La professeure ajoute que l’opinion publique approuve sa manière d’aborder la situation, ce qui explique pourquoi elle bénéficie aujourd’hui d’une popularité encore plus grande que celle de son prédécesseur déjà très apprécié.